L'état de l'art de la réception TSF en 1935

(source SFR)
 

La détection.

photo du cohéreur de Branly avec son marteaucohéreur de Branly
Le cohéreur de Branly a constitué le premier dispositif pour déceler les ondes dans l'antenne du poste de réception, mais ce procédé ne pouvait plus convenir dès que la TSF tut sortie du domaine expérimental. L'idée qui est venue tout naturellement à l'esprit, quand il s'est agi de réaliser un procédé pratique pour la réception des signaux Morse envoyés par TSF, est celle d'utiliser un écouteur téléphonique. Mais il y avait là une difficulté. Les oscillations électriques sont en effet extrêmement rapides, dans l'antenne du poste de réception; autrement dit, le courant y change de sens un grand nombre de fois par seconde. Pratiquement, la fréquence des oscillations hertziennes ne descend pas au-dessous de 15 000 vibrations et peut atteindre plusieurs millions. Si donc nous nous contentons d'intercaler dans le circuit de réception un écouteur de téléphone, la plaque de cet appareil, sollicitée dans un sens et dans l'autre plus de 15 000 fois par seconde, va rester immobile et elle ne rendra aucun son. D'ailleurs, même si elle pouvait être mise en vibration, notre oreille dont la sensibilité disparaît généralement au-dessus de 12 000 vibrations par seconde ne percevrait pas grand chose. Il faut donc, de toute nécessité, intercaler dans l'antenne de réception un organe qui transpose les oscillations électriques initiales de manière à nous les rendre audibles.
 
portrait du Général Ferrié le général Ferrié dans son laboratoire
C'est cet organe qui porte le nom de « détecteur ». Son fonctionnement peut être caractérisé ainsi : il laisse passer les oscillations électriques qui circulent dans un sens et il s'oppose à leur passage dans le sens contraire. Il en résulte que l'écouteur téléphonique disposé à la suite de cet instrument ne va plus être traversé par des courants alternatifs sollicitant sa membrane tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, mais par une succession d'impulsions de même sens qui vont finir par le mettre en mouvement : ainsi pourra-t-on lire les signaux « au son ». Pendant longtemps le détecteur électrolytique du Général Ferrie fût de pratique courante. Actuellement deux types de détecteurs sont utilisés : le cristal de galène ou de zincite sur lequel, on appuie légèrement une pointe fine, et surtout la lampe à trois électrodes.

La résonance.

Tous les auditeurs de la radiodiffusion savent exécuter avec précision, sur leur récepteur, l'opération qui consiste à le « régler » sur l'émission qu'ils désirent entendre. Pour beaucoup d'entre eux, cette manœuvre, que les perfectionnements apportés aux appareils de réception permettent d'effectuer en tournant un seul bouton, conserve un caractère mystérieux. Nous allons dire un mot du phénomène auquel correspond le réglage ou l'accord d'un récepteur sur une émission déterminée. Ce phénomène porte le nom de résonance. Il n'est pas spécial à la radioélectricité et il s'étend à tous les faits physiques qui mettent en jeu un mouvement vibratoire. Si, par exemple, on frappe un diapason tout près d'un piano, on entend vibrer dans le piano les cordes des notes correspondant à celle du diapason. Les autres cordes sont restées silencieuses, ou, en tout cas, leur vibration a été insignifiante. Pour donner une explication simple de ce phénomène, nous prendrons l'exemple de la balançoire, qu'on met en mouvement en lui donnant des impulsions successives. A la première impulsion, la balançoire part, s'éloigne, puis revient ; si nous donnons notre seconde impulsion, ainsi que les impulsions suivantes, au moment où la balançoire revient à sa position initiale, nous constatons qu'à chaque fois l'amplitude du mouvement s'accentue et que nos efforts ajoutent leurs effets les uns aux autres. Si, au contraire, après la première impulsion, nous avions donné les suivantes sans méthode, en poussant la balançoire alors qu'elle se trouve dans n'importe quelle position, nous aurions vu les oscillations rester de faible amplitude en dépit de nos efforts. Dans le premier cas, nous avons mis nos efforts « en résonance » avec les oscillations de la balançoire. La résonance électrique est tout à fait analogue. Lorsque l'onde hertzienne rencontre une antenne, les électrons se mettent en mouvement et exécutent une oscillation entre les deux extrémités du fil. Si une deuxième onde arrive au moment où ces électrons, revenus à leur point de départ, commencent leur deuxième oscillation, cette onde ajoutera son effet à la première : le mouvement des électrons s'amplifiera. On conçoit ainsi que des ondes hertziennes, même faibles, pourront, dans de pareilles conditions, produire un effet appréciable. Il y aura eu résonance entre les ondes et les oscillations des électrons de l'antenne. Mais comment établir cette résonance ? En accordant le rythme d'arrivée des ondes avec celui des oscillations électriques de l'antenne; autrement dit, il faut que, dans l'intervalle qui s'étend entre l'arrivée de deux ondes successives, les électrons aient parcouru entièrement la longueur de l'antenne (aller et retour) pour revenir à leur position initiale. On peut donc dire que, pour que la résonance soit réalisée, il faut que la durée d'une oscillation complète dans l'antenne soit égale à l'intervalle de temps qui sépare deux ondes successives. Mais cette durée d'oscillation dépend du parcours que les électrons ont à effectuer, c'est à dire de la longueur de l'antenne. Nous raccourcirons donc ou nous allongerons celle-ci pour obtenir l'accord cherché. Pour la commodité de la manœuvre, nous intercalerons à la base de l'antenne une bobine de fil dont nous utiliserons plus ou moins de tours. L'accord étant ainsi réalisé, l'antenne d'émission et l'antenne de réception vibreront à l'unisson. Le rythme crée la résonance ; celle-ci amplifie l'effet et le rend perceptible.

Sources et références

[1] Société Française de Radioélectrique, "VINGT-ANNÉES DE TSF", 1935



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